La littérature connaît un statut particulier ; selon les siècles chaque genre a subi des transformations, des mutations qui ont bouleversé la légitimité de cet art. Le problème de la légitimité artistique était au cœur de la réflexion des Romantiques du fait qu’ils n’étaient pas reconnus. Chateaubriand, tout au long de sa carrière, a eu une réflexion sur la littérature. Il insiste particulièrement sur la réception des chefs-d’œuvre qui sont d’abord incompris puis féconds et imprègnent toute la culture littéraire postérieure mais aussi la société entière et l’Histoire. Dans cette citation des Mémoires d’outre-tombe : « On renie souvent ces maîtres suprêmes ; on se révolte contre eux ; on compte leurs défauts ; on les accuse d’ennuie, de longueur, de bizarrerie, de mauvais goût, en le volant et en se parant de leurs dépouilles ; mais on se débat en vain sous leur joug. Tout se teint de leurs couleurs ; partout s’impriment leurs traces ; ils inventent des mots et des noms qui vont grossir le vocabulaire général des peuples ; leurs expressions deviennent proverbes, peurs personnages fictifs se changent en personnages réels, lesquels ont hoirs et lignée. Ils ouvrent des horizons d’où jaillissent des faisceaux de lumière ; ils sèment des idées, germes de mille autres ; ils fournissent des imaginations, des sujets, des styles à tous les arts : leurs œuvres sont les mines ou les entrailles de l’esprit humain. »,on ne peut s’empêcher de penser que Chateaubriand défend sa propre position d’auteur romantique rejeté au sein du cercle littéraire. Mais il s’agit aussi de bien comprendre la place du génie dans l’histoire littéraire. Elle désigne traditionnellement les ouvrages et les manuels proposant un parcours historique de la littérature ainsi que son évolution diachronique. C’est dans cet enchaînement dans le temps des œuvres littéraires que Chateaubriand fonde sa conception. La question « Comment les œuvres se succèdent dans le temps ? » fait toujours débat. Cependant une