Don Juan
Comment Moliere, dans cette tirade de Don Juan fait il un éloge paradoxal de l’hypocrisie?
I – Dom Juan, maître du langage
A – Maîtrise de l’art rhétorique
Dans cette longue tirade de la scène 2 de l’acte V, Dom Juan s’adresse à Sganarelle, mais n’attend en réalité pas de réponse de sa part, comme le montre sa question rhétorique : « Combien crois-tu que j’en connaisse […] les plus méchants hommes du monde ? », qui a pour but de persuader son interlocuteur (et le public).
Il manie l’art du discours en rendant son argumentation convaincante par le présent de vérité générale et la généralisation de ses propos.
Il utilise ainsi des tournures impersonnelles englobantes (notamment le pronom indéfini « on », mais aussi des sujets vagues comme « tous », « ils », «l’homme de bien », « qui », « ceux »…).
Il s’exprime également par aphorismes, sortes de proverbe, qui renforcent la généralisation :
♦ « Qui en choque un, se les jette tous sur les bras »;
♦ « C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode des vices de son siècle ».
De même, pour appuyer son argumentation, il emploie de nombreuses métaphores qui créent des images fortes dans l’esprit de l’auditeur :
♦ « ferme la bouche »;
♦ « à force de grimaces »;
♦ « les singes »;
♦ « ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse », etc.
B – Une argumentation structurée
Au début de cette tirade de l’acte 5 scène 2, Dom Juan cherche à montrer que l’hypocrisie passe « pour une vertu », et montre qu’elle est un « stratagème » largement mis en pratique par ses contemporains.
La généralisation du début de la tirade lui permet ensuite d’appliquer ces idéesà son cas particulier : il passe ainsi à la première personne (« C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver ») et au futur (« je verrai », « je voudrai », etc.).
Il passe ainsi d’une théorie générale à un exemple particulier, qui sert à illustrer et appuyer son propos.
Transition :