Dora l'hysique exemplaire selon freud
La description de ses symptômes occupait jusqu'à quarante pages dans des ouvrages médicaux. Les traits les plus caractéristiques étaient des « conversions somatiques » (expressions corporelles de troubles mentaux), des troubles de la conscience et de la mémoire, une affectivité tapageuse (théâtralisme, crises d'allure épileptique). En fait, le terme était utilisé à tort et à travers. Aussi Freud écrivait-il en 1886, dans le rapport sur son stage chez Charcot, que l’hystérie est « un terme dépourvu de signification un tant soit peu circonscrite » [1]. Quelques années plus tard cet étiquetage est devenu, pour lui et beaucoup d’autres, un diagnostic passe-partout. Freud est l’auteur qui a le plus contribué à son utilisation au XXe siècle. Quand il recevra une patiente qui ne parvient pas à allaiter son nouveau-né (et n’a guère d’autres troubles), il la qualifie d’« hystérique d’occasion » [2] ; quand une …afficher plus de contenu…
La cécité de Freud sur des problèmes éthiques fondamentauxIl a fallu attendre 60 ans après la publication de Freud pour qu’un psychanalyste — Erik Erikson — trouve choquant le comportement de Freud [12].La critique la plus élaborée du cas Dora par un psychanalyste est celle du canadien P. Mahony, professeur de littérature à l’université de Montréal et psychanalyste didacticien de la Société canadienne de psychanalyse [13]. Mahony a aussi fait œuvre d’historien. Il a montré que Dora avait 13 ans au moment de la scène du baiser et non 14 comme l’écrit Freud. Il a souligné des incohérences dans le texte de Freud. P.ex., Freud écrit que les accès de toux nerveuse sont apparus vers 12 ans et ailleurs qu’ils sont apparus vers 8 ans. Ce n’est pas un détail quand on sait que cette toux est pour Freud une des raisons pour qualifier Dora d’« hystérique ».Freud s’est mis au service d’un père manipulateurLisons Mahony : « L'histoire du cas Dora est l'illustration d'une coercition