Dupuy le sacrifice et l'envie
Dans le même souci d'insister sur la complexité de l'ordre social et de la spontanéité de ses acteurs, Hayek a notamment entendu démontrer que la notion de « justice sociale » ne peut pas logiquement se traduire par des critères objectifs d'action « ici et maintenant », parce qu'on ne pourra jamais suffisamment prévoir les effets de nos actes pour dire si oui ou non ceux-ci conduiront à l'état de la société à atteindre dans l'avenir qui lui sert de référence et de norme — en supposant que les divers socialistes, qui opposent cette conception de la « justice » aux règles de la morale sociale commune, aient seulement réussi à se mettre d'accord dessus. La notion se réduit alors à un slogan que l'on invoque à l'occasion de divers actes de redistribution politique[22].
Critique de la justice sociale selon Hayek
Philippe Légé [pic]
Mars 2008
Pour Hayek, l’idée de justice sociale est un mirage qui sape les règles de l’ordre social spontané, garant de la liberté !
Le « néo-libéralisme » est une catégorie vague, commode surtout pour regrouper des auteurs d’horizons théoriques et idéologiques très divers. Friedrich Hayek, dont les ouvrages ont été loués par Margaret Thatcher et Ronald Reagan, préfère se présenter comme un « vrai libéral ». Il revendique l’héritage de David Hume et Adam Smith, fondateurs au xviiie siècle d’un libéralisme reposant sur le respect de « l’ordre spontané » du marché. Cette généalogie très contestable lui sert pour dénoncer les erreurs intellectuelles ayant permis la constitution d’un « faux libéralisme » au xixe siècle. Le principal responsable de cette perversion du libéralisme serait John Stuart Mill. Et le projet de Hayek – qui estime écrire en pleine période de déclin de la « civilisation » – serait de restaurer la pureté de la doctrine libérale originelle.
Pourquoi Hayek considère-t-il Mill comme un ennemi de l’intérieur ? Cette figure emblématique du libéralisme politique, auteur