Déreglementation des marchés financiers internationaux
LES MARCHÉS SONT-ILS DEVENUS TROP PUISSANTS ?
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La déréglementation financière et la globalisation des mouvements de capitaux exercent désormais une influence importante sur la conduite des politiques économiques. Elles ont modifié sensiblement le comportement des autorités monétaires à travers le monde.
ALAIN VIENNEY Direction générale des Études
Dans un article récent sur ce sujet, l’hebdomadaire britannique The Economist a désigné l’« armée électronique des cambistes et des opérateurs sur les marchés obligataires » comme le nouvel ennemi que les gouvernements démocratiques doivent désormais affronter, après les fascistes, les monopoles et quelques autres fléaux. En réalité, sans reprendre à notre compte ces assimilations abusives, il faut admettre que les relations entre les marchés et les gouvernements (ou les banques centrales) se caractérisent aujourd’hui par une dialectique subtile. On peut en donner deux exemples : aux États-Unis, dans les années trente, c’étaient les banques commerciales qui appelaient de leurs vœux la création d’un organisme investi du monopole de la fourniture de liquidités pour jouer le rôle de prêteur en dernier ressort, et limiter ainsi le risque systémique dans le cadre des systèmes de règlement. À l’inverse, au cours des années quatre-vingt, les banques centrales ont soutenu, voire activé le mouvement de déréglementation financière et de globalisation, qui a rapidement entraîné l’obsolescence de nombre d’indicateurs de la politique monétaire et de tous les instruments reposant sur un contrôle direct.
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Cette étude reprend de larges extraits de l’intervention d’Alain Vienney, directeur général des Études, dans le cadre de la conférence du Centre international d’études monétaires et bancaires (CIMB) intitulée « Changements structurels et instabilité des marchés internationaux », à Genève, le 10 novembre 1995.
BULLETIN DE LA BANQUE DE FRANCE – N° 26 – FÉVRIER 1996
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DOSSIERS
Les marchés