Interview analyse europe
INTERVIEW - En «opposition totale» avec les premières décisions du gouvernement, l'économiste annonce au Figaro Magazine sa démission du Conseil d'analyse économique, chargé de conseiller le premier ministre. Il en explique les raisons. Que pensez-vous, en tant que membre du Conseil d'analyse économique (CAE), cet organisme placé auprès du premier ministre, des premières décisions du gouvernement? «Je vous annonce ma démission du Conseil d'analyse économique. J'en démissionne parce que je ne suis pas d'accord avec les orientations de la politique économique du gouvernement. Je suis en opposition totale avec les options prises par le gouvernement, qui sont contraires aux idées que je défends en tant qu'économiste depuis plus de vingt ans, comme elles sont en contradiction avec les recommandations récentes de la Cour des comptes, de la Commission européenne ou encore du FMI et de l'OCDE. Les membres du CAE ayant pour rôle de conseiller le gouvernement dans ses choix économiques, je ne me voyais pas faire partie plus longtemps de cette instance! François Hollande a beau être doté de qualités indéniables, j'estime que lui et son gouvernement font fausse route et qu'il est de mon devoir de dénoncer les conséquences extrêmement négatives des premières mesures qui ont été prises.» Quelles décisions désapprouvez-vous le plus? «L'une des toutes premières décisions du gouvernement a consisté à revenir à la retraite à 60 ans (qui concerne 1/5 des gens qui partent à la retraite) pour un coût annuel d'au moins 5 milliards d'euros en incluant les régimes complémentaires, voire 5,5 milliards d'euros en régime de croisière. C'est un choix intolérable qui nie totalement les réalités économiques et la situation extrêmement précaire des régimes de retraite. S'il y avait une première mesure à prendre d'urgence, ce n'était pas de ramener la retraite à 60 ans, mais, à mon sens, de consentir un effort