Je sortais enfin du dernier cours de la journée. Fatigué et exaspéré, je franchis le portail de l'école négligemment en entendant une fois de plus les moqueries de mes camarades sur mon apparence physique. Je n'étais pas un adolescent ordinaire, non, je n'était pas vraiment musclé comme les autres, je n'avais pas un visage parfait et harmonieux ni un corps de mannequin... Je n'entrais pas dans les critères de beauté qu'imposaient les jeunes ici. Le trajet que j'effectuais pour rentrer chez moi était long et pénible, j'entendais les rires incessants de mes camarades, les moqueries blessantes, c'était toujours le même rituel. Je regardais l'heure sur mon téléphone: 17h48. Plus que 6 minutes et je serais seul, plus que 6 minutes et je serais seul, plus que 6 minutes... Chaque soir j'attendais le moment où les deux «assommés», c'est comme ça que je les surnommait, prirent enfin une autre direction que la mienne. A ce moment je me retrouvais seul et je pouvais enfin prendre le temps de rentrer chez moi, souvent je m'asseyais quelques minutes sur un banc, pour réfléchir ou penser sereinement. Ce soir là il pleuvait à grandes eaux mais les assommés m'avaient tellement énervé que je m'obligeais à penser et à rester seul. Il était déjà tard, je n'avais pas envie de rentrer chez moi, comme toujours, car il y a là aussi des conflits perpétuels. Ma mère me trouvait trop gros, mon père m'appelait «cochonnet» mais le pire, c'était mon frère... Faux jumeaux à la naissance, nous avions suivi des idéaux de vie biens différents, il est mon contraire. Il adore le sport, la mode et invite sans cesse de nouvelles conquêtes plus belles les unes des autres à la maison... Mais il fallait que je rentre, demain je devais partir avec mon frère, Tanguy, en colonie de vacance, ce que je détestais par dessus tout.
Nous voilà dans l'avion. Je suis à côté de mon frère qui à déjà passé la moitié du vol à se regarder dans un petit miroir, je suis plus que réticent à ce voyage. Comme hier soir,