Ecriture d'invention : éloge sur charles baudelaire
Son nœud mal noué, ses cheveux en bataille, ses yeux cernés et ses joues creuses montraient à quel point sa vie était rude, bien avant que je ne l’ai connu. Le charmeur des Paradis Artificiels était l’homme le plus perspicace, le plus subtil et le plus fin de son époque ; c’est pour cela que je m’étais toujours demandée si ses airs désinvoltes étaient voulus, calculés, travaillés ou innés. C’était dans son regard sombre et perdu dans le vide qu’on pouvait percevoir sa mélancolie mythique, son fameux spleen, causée par la perte de son père dès son plus jeune âge et sa vie de débauche. Son esprit critique, impertinent et ingrat faisait de lui l’homme le plus arrogant de Paris, et probablement un des plus grands dandys. C’était le grand génie du moderne, ayant introduit la prose dans la poésie classique, chose que lui seul était en mesure de réaliser. Ses Journaux Intimes ont été lus et relus par le tout Paris. Ses critiques ne s’arrêtaient pas seulement aux personnes du monde. Il cherchait aussi, certes plus discrètement, à ouvrir les yeux du peuple sur les hommes politiques et leurs dérives. Ainsi, bien que peu connue du public, sa prise de position contre Napoléon III, l’ »Aiglon » comme le surnommait Victor Hugo, lui valut quelques applaudissements tonitruants aussi bien que des menaces.
Homme du monde, homme rêveur et révolté, poète marginal, c’était un véritable génie, caché par ses airs désintéressés et son allure de dandy