Elisabeth 1ere
Sous Élisabeth Ire, le petit royaume d’Angleterre, cerné au nord par une Écosse indépendante et hostile, à l’ouest par une Irlande incontrôlée, sur le continent par l’essor des grandes monarchies absolutistes d’Espagne et de France, se révèle, au cours de péripéties dramatiques, un partenaire majeur de l’aventure européenne et mondiale. L’Angleterre affirme alors une personnalité mûrie au cours de la guerre de Cent Ans, puis forgée de main de maître par les premiers rois Tudors. Modelée tour à tour par la ténacité rusée d’Henri VII, puis par les emportements calculés d’Henri VIII, elle développe les bases sociales et économiques de sa jeune puissance. Le déclin de la féodalité, accéléré par l’action gouvernementale, fait apparaître sur la scène nationale des acteurs nouveaux: les industriels, les commerçants et les «aventuriers» qui se sont renforcés aux dépens des anciens meneurs du jeu politique et économique, la noblesse et l’Église. En même temps, la physionomie spirituelle s’adapte aux structures sociales en pleine évolution; Henri VIII utilise ses aventures matrimoniales pour rompre avec Rome et se placer à la tête de l’Église d’Angleterre, dont il contrôle le corps épiscopal et sécularise les monastères. Encouragées par la «réforme henricienne», les tendances protestantes, luthériennes, puis bientôt calvinistes supplantent, dans les milieux gouvernementaux, les villes d’université ou de négoce, et surtout Londres, le vieux catholicisme resté ailleurs vivace. Sous le règne du successeur d’Henri, Édouard VI, l’Angleterre s’oriente décidément vers la Réforme, non sans parfois de vives résistances. Ainsi se cherchent les formules originales qui doivent fournir à l’Angleterre une religion adaptée aux nécessités de son évolution. La Couronne entend se libérer des ingérences romaines; mais, malgré leur autoritarisme absolutiste, les gouvernants sont attentifs aux tendances socio-économiques et à leurs corollaires spirituels. Le