Le nom de Mrs. Pankhurst, associé à celui de sa fille Christabel, évoque avant tout les combats en faveur de l'émancipation civique des femmes et le mouvement des « suffragettes » anglaises avant 1914. Préparée par ses parents à se battre pour des réformes radicales, elle trouve en son mari, l'homme de loi Richard Marsden Pankhurst, le compagnon de ses premières luttes. Elle est témoin et actrice tout à la fois, en 1882-1884, de la victorieuse campagne pour une nouvelle législation concernant les biens des femmes mariées ; elle est en contact avec les esprits les plus avancés, de James Keir Hardie à William Morris, et figure parmi les premiers adhérents de la toute jeune Société fabienne. Tour à tour déçue par le Parti libéral, par le Parti travailliste indépendant et par tous les mouvements à prédominance masculine, elle en vient, au tournant du siècle, à la conviction que seule une action vigoureuse des femmes leur permettrait d'arracher leur participation à la vie démocratique. En 1903, aidée par sa fille, elle fonde l'Union sociale et politique des femmes (Women's Social and Political Union ou W.S.P.U.). Contrairement à d'autres groupes féministes et à sa rivale, Mrs. Fawcett, Mrs. Pankhurst ne croit plus à l'efficacité de la propagande pacifique : la violence seule lui paraît capable de secouer l'apathie des hommes et de créer un mouvement d'opinion qui convaincrait le Parlement. Cette violence prend des formes variées : de l'interruption de meetings ou de séances des Communes aux manifestations de rues, de l'envoi de poudre à éternuer aux parlementaires au déversement de sacs de farine sur des politiciens connus et, plus dangereusement, à des lacérations de tableaux dans les musées et au dépôt d'explosifs de faible puissance dans les stades ; les affrontements avec la police ne sont pas rares, certaines manifestantes s'enchaînant même à des grilles pour ne pas être emportées. Ces excès impressionnent une partie de l'opinion : en juin 1910, un « bill de