LE ROLE DE L’EGLISE ET LA SOCIETE CIVILE: ORIENTATIONS THEOLOGIQUES. Par Michael McCabe, SMA.
_______________

1. Ambivalence Officielle. On pourrait imaginer qu’après Vatican II (1962-1965), Medellin (1968) et les grandes Encycliques Sociales des Papes Jean XXIII et Jean Paul II, l’Eglise a maintenant un devoir clair de s’engager dans la promotion de la justice dans la société civile. Mais il y a ambivalence. D’une part, l’enseignement officiel de l’Eglise à son plus haut niveau demande une restructuration de l’ordre économique international (Populorum Progressio, n. 57-60); il proclame que le travail pour la justice et la transformation de la société est ‘une dimension constitutive de la prédication de l’Evangile’ (Justice dans le monde, n.6). Mais d’autre part, il y a un fossé évident entre l’enseignement officiel et l’action pratique de l’Eglise et de ses représentants officiels. Ce qui se fait concrètement tend à devenir l’enseignement acceptable et l’enseignement officiel ressemble de plus en plus à une rhétorique: irréaliste, impossible à croire et (pour beaucoup) remarquée ‘surtout à cause du hiatus qui existe entre l’enseignement officiel de l’Eglise et son attitude pratique’ ou, selon le mot de Shakespeare, remarquée more in the breach than in the observance’ (Shakespeare). Loyauté vis-à-vis de l’Eglise semble demander de moi que j’accepte le status quo injuste, que je baisse la tête et que je ne secoue pas trop la barque ou que je ne dérange pas trop les autres. Il y a suffisamment de déclarations officielles pour alimenter le soupçon et la peur d’être engagé dans une action visant à instituer une alternative et un ordre social économique et politique juste. Par exemple, nous avons de fréquents avertissements concernant le danger de réduire l’évangélisation aux sphères économique, politique, sociale et culturelle, et les dangers d’une politicisation excessive du rôle de l’Eglise: ‘Rappelez-vous, mes très chers frères