Eugène Ionesco est le fils d'un juridiste roumain travaillant dans l'administration royale ; sa mère est la fille d'un ingénieur français des chemins de fer. En 1913, la jeune famille émigre à Paris où le père veut passer un doctorat. Quand, en 1916, la Roumanie déclare la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie, le père revient au pays, coupant rapidement tous les liens avec sa famille qui le croira mort à la guerre ; à Bucarest, il obtient le divorce et se remarie. En 1925, le frère et la sœur retournent chez leur père à Bucarest où ils apprennent le roumain. Leur père a obtenu leur garde mais ils ne trouvent aucune sympathie chez leur belle-mère restée sans enfant. En 1926, Ionesco se fâche avec son père, apparemment très autoritaire, et qui n'a que du mépris pour l'intérêt que son fils porte à la littérature : il aurait voulu en faire un ingénieur. Ionesco entretiendra une relation exécrable avec ce père opportuniste et tyrannique. Ce même père, magistrat, se rangera tout au long de sa vie du côté du pouvoir, et adhérera successivement au nazisme puis au communisme. Ionesco n'acceptera jamais le manque d'amour et le rejet infligés par son père. En 1938, Ionesco reçoit de l'institut de français à Bucarest une bourse afin de préparer une thèse de doctorat sur les thèmes du péché et de la mort dans la poésie moderne depuis Baudelaire, ce qui lui permet d'échapper à l'atmosphère étouffante d'une Roumanie nationaliste qu'il supporte mal. Tout change après l'alliance de la Roumanie avec l'Allemagne et son entrée en guerre contre l'Union soviétique ; cette fois Ionesco préfère revenir en France en mai 1942. C'est à présent la France qui est plus calme et il y reste définitivement avec son épouse, d'abord à Marseille, puis à Paris. C'est là que naît leur unique enfant Marie-France le 26 août 1944. Le couple connaît alors une période de grande gêne financière ; Ionesco entre comme correcteur au service d'une maison parisienne d'édition juridique et y reste jusqu'en