Explication de texte court
354 mots
2 pages
« Les mots, dans leur signification première ou immédiate, ne tiennent lieu de rien d’autre que des idées dans l’esprit de celui qui s’en sert, quels que soient l’imperfection et le manque de soin avec lesquels ces idées sont tirées des choses qu’elles sont supposées représenter. Quand un homme parle à un autre, c’est pour être compris, et la finalité de son discours est que ces sons, en tant que marques, fassent connaître ses idées à son auditeur. Ainsi, ce dont les mots sont les marques, ce sont les idées du locuteur : et nul ne peut les appliquer comme des marques, de manière immédiate, à quelque chose d’autre que les idées qu’il a lui-même. Car cela ferait d’eux des signes de ses propres conceptions, tout en les appliquant à d’autres idées, ce qui en même temps ferait d’eux des signes de ses idées et n’en ferait pas des signes, ce qui les rend de fait sans signification du tout. Les mots étant des signes volontaires, ils ne peuvent être des signes volontaires appliqués par lui à des choses qu’il ne connaît pas. Cela en ferait des signes de rien, des sons sans signification. Un homme ne peut pas faire de ses mots les signes soit des qualités dans les choses, soit des conceptions dans l’esprit d’un autre homme – dont nulle n’est dans son esprit à lui. Tant qu’il a des idées à lui, il ne peut supposer qu’elles correspondent avec les conceptions d’un autre homme, et il ne peut pas se servir de signes pour celles-ci, car ce seraient les signes de je-ne-sais-quoi, ce qui, en vérité, ne sont les signes de rien. Mais quand il se représente les idées d’autrui à partir de certaines des siennes, s’il consent à leur donner les mêmes noms que les autres leur donnent, c’est toujours à ses propres idées qu’il donne ces noms, à des idées qu’il a, et non à des idées qu’il n’a pas. »
John Locke, Essai sur l’entendement humain, Livre III, II, §2
Remarque : aucune connaissance de l’auteur ni de sa doctrine n’est requise pour ce commentaire de