extrait anthologie
L’union contre nature entre le cerf, auquel Simon est associé plusieurs fois, et la Bichelle, que symbolise Anaïs, est une ma- nière de rendre la vie.
C
omment ? Ce roman évoque un retour aux sources, une sorte de régression globale à la croi- sée de la ma g ie
, du fantastique, du sacré et de l’animalité. Mais au lieu de v oir le monstr e mis à mort, c’est le souffle originel de la vie qui triomphe, et de diffé- r entes manières. Après avoir consommé du regard sa voisine offerte dans sa nudité, Simon ex- pie sa faute en sauvant le chien de Y olande au cours d’un sim u - lacr e de naissance
.
Par la suite, l’animal rendra la joie à la petite handicapée ; sa présence l’en- cour agera à prononcer son pre- mier mot, autrement dit à en- trer dans le langage, source de relation. Quant à la mort du fils de Simon, autre coup du sort, elle offr e un cœur nouv eau à
Quentin.
S imon, ce paysan qui a « vécu sans amour dans les feux de l’or
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gueil », finit par donner un sens à son existence à la faveur de son sacrifice. Alors que le milieu social, l’origine culturelle et la façon de vivre opposaient au dé- part les acteurs de ce drame, le final les réunit dans le symbole :
Simon meurt pour que les au- tres vivent, et cet acte de ré- demption, aux accents chrétiens, met fin, sans doute, à la malé- diction des jardins noirs.
S
i Simon en de vient « le maître », c’est que son parcours initiati- que lui a permis non seulement de chasser de ses veines « le sang noir », mais surtout de renouer les fils de la lumièr e et de la pi- tié. Lui qui s’érigeait en juge et en vampire de son entourage, le voilà qui trouve le chemin de l’humanité la plus authentique
,
offr ant à
Y
olande de prononcer le mot de « Maman ».