Extrait [du] monde comme volonté et comme représentation de schopenhauer - introduction
Extrait [Du] Monde comme volonté et comme représentation de Schopenhauer
"Tout vouloir procède d'un besoin, c'est-à-dire d'une privation, c'est-à-dire d'une souffrance. La satisfaction y met fin ; mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés ; de plus le désir est long et ses exigences tendent à l'infini ; la satisfaction est courte et elle est parcimonieusement mesurée.
Mais ce contentement suprême n'est lui-même qu'apparent ; le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir ; le premier est une déception reconnue, le second est une déception non encore reconnue. La satisfaction d'aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable. C'est comme l'aumône qu'on jette à un mendiant : elle lui sauve aujourd'hui la vie pour prolonger sa misère jusqu'à demain. –
Tant que notre conscience est remplie par notre volonté, tant que nous sommes asservis à la pulsion du désir, aux espérances et aux craintes continuelles qu'il fait naître, tant que nous sommes sujets du vouloir, il n'y a pour nous ni bonheur durable, ni repos. Poursuivre ou fuir, craindre le malheur ou chercher la jouissance, c'est en réalité tout un ; l'inquiétude d'une volonté toujours exigeante, sous quelque forme qu'elle se manifeste, emplit et trouble sans cesse la conscience ; or sans repos le véritable bonheur est impossible.
INTRODUCTION
Dans le texte étudié, extrait de Le Monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer aborde un des sujets prépondérant dans l’existence humaine : le désir, qu’il ne distingue pas du vouloir. (Schopenhauer rejette cette distinction entre volonté et désir et assimile implicitement au début du texte les désirs à des formes particulières du vouloir humain.) Tout désir est porteur d’une tension vers quelque chose dont on est dépourvu. Celui-ci n’épargnant donc personne puisqu’il s’impose à nous par l’intermédiaire d’une expérience aussi douloureuse qu’irrécusable