Faits et analyses
Le terme de «contrôle social» apparaît régulièrement dans les écrits criminologiques en langue française. Il s’agit d’une traduction littérale de l’expression anglo-saxonne «social control». Lécuyer (1967) recommande de bannir cette dernière. Il rappelle que le terme français de «contrôle» a le sens de vérification, tandis que le terme anglais de «control» signifie pouvoir, puissance, autorité, influence. Il suggère l’emploi du terme de la «régulation» qui correspond davantage à l’éventail des processus de socialisation. Il retrace l’histoire de ce terme jusqu’aux sources de la sociologie.
La régulation du taux de la délinquance
Lécuyer note l’utilisation de termes associés à la régulation, tels que régulariser, influence régulatrice et directrice et régularisation, chez Comte, dès 1826, dans sa théorie du pouvoir spirituel et, en 1851, dans sa théorie de la politique positive. Par la suite, Durkheim diversifie ce vocabulaire en y associant des termes comme contrainte, discipline, autorité, coercition. Par contre, avec ses livres «Le suicide» en 1897 et «Les formes élémentaires de la vie religieuse» en 1912, son analyse se situe au niveau sociétal, celui des phénomènes de masse. Le niveau d’interprétation de la criminalité comme le dénommera plus tard Pinatel (1963).
Les théories de la régulation sociétale du niveau de la délinquance dans un milieu ont, par la suite, été élaborées par les Américains. Pensons aux notions comme celles de d’organisation sociale différentielle de Sutherland (1934), de désorganisation sociale de Shaw et McKay 1969), d’opportunités légitimes et illégitimes de Cloward et Ohlin (1960), de désorganisation culturelle de Kornhauser (1978), d’efficacité collective de Sampson (1993; Sampson, Morenoff et Earls, 1999). Quelle que soit la notion retenue, ces théories affirment toutes que lorsque les mécanismes de la régulation sont affaiblis il en résulte une augmentation du taux de la