Famille a tout prix, fiche de lecture
Geneviève Delaisi de Parseval, Famille à tout prix
Le désir de fonder une famille est un désir légitime, qui correspond tout autant au désir de procréation assumé par nos instincts, qu’au message véhiculé par la société. On entend ainsi souvent dire qu’une femme ne peut jamais être accomplie qu’avant de devenir mère. Partons donc de cette affirmation plutôt doxale pour nourrir notre réflexion. Au-delà du caractère réducteur d’une telle affirmation, du fait que la part masculine y est complètement occultée, on y trouve un bon nombre de présupposés de la société. Une femme qui ne peut avoir un enfant ne sera-t-elle jamais une « vraie » femme ? Comment assumer sa stérilité et faire le deuil de ce désir d’avoir un enfant légitime? Voici donc le problème principal que comportent ce genre de discours tous faits : ils posent une norme, en excluant radicalement ceux qui n’y entrent pas. Comment celles qui ne veulent pas d’enfants, qui privilégient leur carrière avant leur famille, ou bien celles qui ne peuvent pas – infertilité physiologique, sociale, voire même tout simplement amoureuse - peuvent-elles assumer ce désir qui semble aller à l’encontre du rôle qu’on leur a assigné ? Outre les évolutions des mœurs et le décalage qui existe désormais d’avec les discours tous faits qui ne correspondent plus à l’époque actuelle, un nouvel élément vient changer la donne : celui des avancées scientifiques. Désormais, avec l’Assistance Médicale à la Procréation – et à travers elle la multiplicité des possibles qu’elle intègre, fécondation in vitro, dons de gamètes, dons d’embryons, gestation pour autrui,… - l’ordre « naturel » des choses est bouleversé, et ce qui autrefois était impossible devient aujourd’hui possible. Ainsi, l’infertilité ne semble plus être un problème irrémédiable : si nous prenons l’exemple de l’ICSI (intra-cytoplasmic sperm injection) dans le cadre de l’infertilité masculine, il suffit d’un seul spermatozoïde valable pour féconder un