fergagr

1220 mots 5 pages
L’enjeu pour Semprun n’est pas la description de l’horreur, mais l’exploration de l’âme humaine dans l’horreur du Mal. Il évoque Malraux qui cherchait « la région cruciale de l’âme où le Mal absolu s’oppose à la fraternité", l’humanité de l’homme, vouée à la liberté du Bien comme à celle du Mal. L’essentiel n’est pas l’horreur quotidienne des camps, mais "la ténèbre qui était échue en partage", l’expérience du Mal, du Mal radical de Kant, dans sa possibilité subjective (« radical » est à prendre dans son sens étymologique de racine). Cette interrogation conduira Semprun à écrire quelques années plus tard un essai intitulé « Mal et Modernité ». L’auteur a enduré l’essence même du Mal, perpétré par l’homme lui-même, par l’homme normal, par ses pairs. Il a vécu la mort. Sa mort. La mort des autres. Un quotidien où la mort investissait chaque particule d’air qu’il respirait. L’enfer au sens propre.

Dès son retour, Semprun tente donc d’écrire ce qu’il a vécu. Un accouchement douloureux. Cet exercice le brise, le ruine, le torture : « j’étouffais dans l’air irrespirable de mes brouillons, chaque ligne écrite m’enfonçait la tête sous l’eau comme si j’étais à nouveau dans la baignoire de la villa de la Gestapo à Auxerre. Je me débattais pour survivre. J’échouais dans ma tentative de dire la mort pour la réduire au silence ; si j’avais poursuivi, c’est la mort qui m’aurait rendu muet». L’écriture l’éloigne de la vie en lui renvoyant constamment la mémoire de la mort. L’écriture, ce fardeau qui l’empêche de vivre. "Tel un cancer lumineux, le récit que je m’arrachais de la mémoire, bribe par bribe, phrase après phrase, dévorait ma vie". L’écriture lui ronge l’âme. Semprun doit faire un choix : écrire ou vivre ? Car écrire, c’est refuser de vivre, c’est retourner vers la mort, vers sa mort, c’est remettre l’enfer au cœur de sa vie. A la différence de certains écrivains comme Primo Levi qui se sont dégagés de l’horreur de la mémoire par l’écriture, Semprun, lui, ne pouvait

en relation

  • Fagne
    572 mots | 3 pages
  • Gfdre
    2229 mots | 9 pages
  • Fhrght
    2761 mots | 12 pages
  • Fgerg
    355 mots | 2 pages
  • fauste
    617 mots | 3 pages
  • Macbeth est-il l'allégorie du mal ?
    3456 mots | 14 pages
  • ferrari
    618 mots | 3 pages
  • Fege
    770 mots | 4 pages
  • Fghjytr
    269 mots | 2 pages
  • figuier
    350 mots | 2 pages
  • Dissertation BERGSON
    1516 mots | 7 pages
  • fghtue
    3788 mots | 16 pages
  • La morale est-elle une convention sociale ?
    1609 mots | 7 pages
  • le mal et le bien
    283 mots | 2 pages
  • Resumer
    269 mots | 2 pages