Fin de partie
« L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges1. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. » Parole dite par l’auteur de la réécriture d’Antigone : Jean Anouilh.
Jean Anouilh (1910-1987) est un écrivain et dramaturge français. Fils d’un tailleur et d’un professeur de piano, il découvre sa passion pour le théâtre en 1923. Jean Anouilh fut un auteur à succès en remportant le Grand Prix de l’Académie Française en 1980 et le Prix du Brigadier pour trois pièces en 1973. Auteur de plusieurs œuvres littéraires, il mélange les genres théâtraux (comédies, pièces noires, pièces roses, pièces grinçantes…) mais il est connu pour être l’auteur de la réécriture de La Cigale et la Fourmi (1962), et est également un scénariste dès 1937. Il reprit des mythes célèbres grecs pour les réadapter à « sa façon » : Eurydice (1942), Médée (1946) et Antigone (1944). Antigone est une pièce en un acte, mis en scène la première fois le 4 février 1944, durant l’Occupation Allemande. Inspiré du mythe antique d’Œdipe, mais en opposition avec la tragédie grecque de Sophocle, Antigone, l’héroïne représente la Résistance. Elle affronte Créon en s’opposant aux lois qu’elle juge inutile et inhumaine. Alors que la première est un échec, Antigone deviendra avec le temps l'œuvre la plus emblématique (et la plus jouée) de l'auteur. Le passage que nous allons étudier (page 70-75 ; édition : la petite vermillon) est un dialogue entre Antigone et Créon, après que celle-ci est recouvert le corps de son frère pour la seconde fois malgré l’interdiction formelle de Créon, souverain de Thèbes. Nous allons étudier cet extrait en trois parties. Dans un premier temps, nous allons analyser que cette séquence est une scène d’affrontement. Dans un second temps, nous allons voir la position de Créon.