Forme littéraire et argumentation
L’un des rôles de la littérature est de réfléchir sur son temps, et de proposer divers points de vue sur un même sujet. Dès lors, la littérature apparaît comme un lieu d’expression, une expression où les idées se confrontent pour mieux cerner un problème de son époque. De ce fait, les formes littéraires semblent propices à l’argumentation, mais dans quelle mesure permettent-elles une argumentation efficace ? Parce que l’argumentation est complexe, il conviendrait de se demander si la forme littéraire, certes propice, est la seule à privilégier une argumentation efficace. Une argumentation n’est-elle efficace que dans le choix de sa forme par l’auteur ou bien nécessite-t-elle des composants autres qui renforcent son dessein ? Il semble essentiel de reformuler le terme de « formes littéraires » avant toute chose, afin de dégager le réel intérêt que pose le sujet, et c’est à travers les genres littéraires, et non les formes, qu’il conviendra d’entamer notre réflexion. Quand bien même celles-là renforceraient une argumentation, il paraît judicieux de se demander ensuite si la forme pure suffit à l’argumentation : les procédés mis en œuvre par l’auteur s’avèrent essentiels à considérer. Le problème du fond et de la forme sera ainsi soulevé au cours de notre réflexion ; en tenant compte du contexte dans lequel s’inscrit l’argumentation, de même que sa réception.
I. Redéfinir la forme littéraire
A. Les formes narratives
← Forme longue : le roman. Dernier Jours d’un condamné, Hugo.
← Formes brèves : La fable ou l’apologue (Critique de la société de Louis XIV), l’Oraison Funèbre de Madame Henriette d’Angleterre, prononcée à Saint-Denis en 1670. Dans ce texte, l'éloquence de la douleur a rarement trouvé des accents plus pénétrants que ces paroles qui firent éclater en sanglots tout l'auditoire : "Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame