DOCUMENT 2

Après un bref passage à la chanson dans la musique classique, je reviens à Saint-Germain-des-Prés et au français familier, avec un texte écrit et chanté par un artiste (écrivain, ingénieur, inventeur, acteur, scénariste, traducteur, poète, parolier, chanteur, critique et trompettiste de jazz) disparu il y a juste 50 ans, Boris Vian.
J’ai lu ses romans et ses poésies et je l’ai aimé bien avant de le connaître comme interprète de ses propres chansons. Mais quand j’ai entendu pour la première fois ses chansons comiques (J’suis snob, La complainte du progrès, etc.), j’ai été surpris par le paradoxe du chanteur qui n’a pas une belle voix, en tout cas pas comme Yves Montand chantant Prévert ou Juliette Gréco s’amusant avec Raymond Queneau, mais qui sait tellement bien comment exprimer les textes qu’il a écrits qu’il n’hésite pas à accentuer les effets comiques, par la musique et surtout par la manière de chanter, unique et inimitable. Ecoutez : J’suis snob
J’suis snob
C’est vraiment l’seul défaut que j’gobe
Ça demande des mois d’turbin
C’est une vie de galérien
Mais quand j’sors avec Hildegarde
C’est toujours moi qu’on r’garde | J’suis snob
Foutrement snob
Tous mes amis le sont
On est snobs et c’est bon Chemises d’organdi, chaussures de zébu
Cravate d’Italie et méchant complet vermoulu |
Pour les étudiants de FLE :
J’emprunte la définition du snobiste à Wikipédia : « Un snob, c’est-à-dire une personne qui fait preuve de snobisme, cherche à se distinguer du commun des mortels. Désireux d’appartenir à une élite, le snob tend à reproduire le comportement d’une classe sociale ou intellectuelle qu’il estime supérieure ».
Ce qui est comique dans la chanson de Boris Vian, c’est que cet homme qui se revendique snob souhaite se faire remarquer par son anti-conformiste systématique qui semble l’inverse du snobisme.
Notons d’abord l’utilisation d’un langage populaire, n’appartement normalement pas à « l’élite sociale et intellectuelle » :