Francais
La porte s'ouvre, mais ce n'est pas l'être désiré qui apparaît mais Stephen, un de ses anciens amants. Est-ce le hasard qui les fait se réunir à nouveau? Ces deux êtres vont-ils réussir à se parler? Louise va-t-elle accepter de prendre un verre avec lui, malgré leur séparation douloureuse d'il y a cinq ans?
Louise et Stephen ne songent pas à partir. Le silence du café les protège et personne ne les attend. C’est cela qui leur est arrivé : plus personne pour les attendre. Ils sont seuls comme ne le sont que les vieillards. Ils ont le regard hagard de solitude. Ils ont le souffle court des épuisés. Ils ont les gestes ralentis des plus démunis. Ils s’abritent dans un café improbable, à l’extrémité d’un continent. Ils égrènent leur vie comme d’autres des prières, en roulant des chapelets entre leurs doigts osseux. Ils sont parvenus au terme de quelque chose, sans être en mesure de discerner encore ce qui pourrait commencer pour eux. Ils se sont égarés.
Pourtant elle ne dira rien: Norman, boursouflé d’égoïsme, ne l'entendrait pas. Elle ne dira rien parce qu'elle s'est tue, une première fois, il y a cinq ans, et que, lorsqu’on s'est tu, une fois, on se tait pour toujours, même si on assure, la main sur le cœur, qu'on parlera la prochaine fois. On se tait parce qu'on ne sait pas faire autrement, parce qu'on est fabriquée comme ça, parce que c'est une fatalité à laquelle on n'échappe pas. On se tait parce qu'on n'a pas le courage de recoller les morceaux