LA FRONTIÈRE INTERALLEMANDE : LA SÉPARATION BRUTALE D’UNE NATION

I- De la ligne de démarcation…

A) Le partage de l’Allemagne entre les grandes puissances

L’Europe a été libérée du joug du régime nazi grâce à la victoire de la coalition anti-hitlérienne constituée principalement de trois grandes puissances: le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’URSS. Ceci explique que les Alliés appliquèrent à l’Allemagne un traitement particulier, symbolisé par la capitulation sans condition qu’ils l’obligent à signer le 8 mai 1945. En d’autres termes, ils ne se contentent alors pas seulement de lui infliger une défaite militaire. Mais, ils lui imposent une reddition lui retirant son entité nationale en partageant l’Allemagne entre les grandes Puissances. Les principes sur lesquels sont fondés ce partage de l’Allemagne par les grandes Puissances établis par la Conférence de Postdam le 5 juin 1945, est le fruit de longues discussions et compromis de la part des Alliés. Certaines remontent même avant leur victoire. En effet, lors de la Conférence de Téhéran, première rencontre au sommet des «Trois Grands» qui se déroulent du 28 novembre au 1er décembre 1943, il est évoqué un possible démembrement de l’Allemagne. Précisément Roosevelt était d’avis de partager le pays «en cinq Etats autonomes, Hambourg et Kiel, la Ruhr et la Sarre elles étant internationalisées sous le contrôle de la future Organisation des Nations Unies»(Isabelle Farçat, L’Allemagne de la Conférence de Potsdam à l’unification, Indre, Minerve, 1992, page 22) Churchill, lui, était favorable à la formation d’une configuration danubienne qui comprenait la Bavière, le pays de Bade, le Wurtemberg et le Palatinat ainsi que l’ancienne Autriche Hongrie. Mais, aucune de ces décisions n’ont été retenues. Puis, la question fut remise à l’ordre du jour lors de l’élaboration d’une politique d’occupation des Alliés à Londres au sein d’une instance commune : la Commission consultative européenne. Dès la première réunion, le 15