Félicité
Portrait de Félicité. Un coeur simple. Classe de Seconde.
Introduction
Avec des mots simples, des phrases sans fioritures, plutôt concises et directes, Gustave Flaubert compose le portrait d'une femme à partir de scènes quotidiennes, tout en se jouant du temps qui passe, inexorablement. Dans cette intrigue somme toute banale, l'auteur va à l'essentiel : une cuisinière femme de chambre qui ne vaut pas grand-chose aux yeux de Mme Aubain (« ...sa maîtresse, - qui cependant n'était pas une personne agréable »), et pas davantage à ceux des lecteurs de l'époque. Et tout cela dans un univers pour le moins plombant, une atmosphère étrangement calme et mélancolique. Une plongée visuelle dans cette « maison revêtue d'ardoises » nous permet de saisir l'enjeu de cette œuvre romanesque sombre et désespérée. On est happé dès les premières lignes de l'incipit par la tristesse froide d'un décor qui nous glace. Le personnage principal, une héroïne solitaire marquée par des blessures irréversibles, force l'admiration des autres lorsqu'elle frotte à l'émeri les cuivres (« le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes »). Faute d'un destin étoilé, ou de se polir les ongles, elle astique et fait briller les ustensiles de cuisine. Flaubert développe un sens plutôt aigu du croquis : l'habileté de la description réside dans la simplicité de ce portrait-silhouette. Plutôt matinale, Félicité est laborieuse, travailleuse, minutieuse, méticuleuse, pour ne pas dire excessivement rigoureuse ou maniaque, courageuse et volontaire, soignée, voire perfectionniste (« Elle se levait dès l'aube [...] et travaillait jusqu'au soir sans interruption »). On la devine active, compétente dans les tâches ménagères, avec acharnement : elle paraît calme et posée (« la taille droite et les gestes