Gustave flaubert
Les Flaubert passaient souvent le mois d'août à Trouville, où le docteur possédait des terres. En août 1836, ils firent la connaissance du ménage Schlésinger. Maurice publiait à Paris une importante revue musicale, et Élisa, une femme de trente ans qui vivait avec lui avant de devenir son épouse, fut l'objet du premier grand amour de Flaubert, et peut-être du seul. Les Mémoires d'un fou décrivent longuement la première rencontre avec Élisa, qu'immortalisera, dans un autre décor, celui de la Ville-de-Montereau, l'Éducation sentimentale. Flaubert retrouvera plus tard, à Paris, vers 1842, ses amis Schlésinger. Amant, ou non, d'Élisa, il s'éloignera d'elle, mais restera toujours fidèle à leur souvenir : « J'ai, dans ma jeunesse, démesurément aimé. Chacun de nous a dans le cœur une chambre royale ; je l'ai murée, mais elle n'est pas détruite. » (Lettre à Amélie Bosquet, novembre ou décembre 1859.)
Gustave Flaubert a quinze ans, en 1836, lorsqu’il rencontre, sur la plage de Trouville, la belle Elisa Schlesinger, épouse d’un éditeur de musique. Ainsi débute une longue passion impossible, nourrie d’exaltations littéraires, qui retentira sur l’ensemble de son œuvre. « Ce fut comme une apparition » : par cette phrase devenue célèbre, l’auteur de L’éducation sentimentale inaugure, au début du roman paru en 1869, la rencontre entre Frédéric Moreau et l’épouse du sieur Arnoux. Le jeune héros, âgé de dix-huit ans, s’est embarqué, à Paris, sur le navire la Ville-de-Montereau, afin de retourner à Nogent-sur-Seine, son baccalauréat en poche, pour y attendre le début de se études de droit. Ce récit d’une rencontre amoureuse offre à Flaubert l’occasion de transposer sur un mode littéraire sa propre rencontre avec Elisa. Il a cependant plus de quarante ans lorsqu’il rédige la scène, et il nous livre alors le regard amusé de l’homme mûr sur le jeune adolescent romantique qu’il fut jadis. Le lecteur peut ainsi apprécier