Hegel Raison Dans L Histoire
La Raison dans l’Histoire
Chapitre II. La réalisation de l’Esprit dans l’histoire
(Trad. Kostas Papaioannou, 10x18 p. 101-136) l = fragments écrits de la main de Hegel lui-même. n = textes tirés des cahiers des étudiants.
2. Les moyens de la réalisation
Les mobiles historiques
l Cette question des moyens par lesquels la liberté se crée un monde, nous conduit au cœur même du phénomène historique. Si la liberté comme telle est au début du concept intérieur, les moyens sont au contraire quelque chose d’extérieur, de phénoménal, qui occupe toute la scène immédiatement visible de l’histoire. Or la première image que nous offre l’histoire est celle des actions humaines telles qu’elles dérivent des besoins, des passions, des intérêts, de l’idée que les hommes s’en font, des buts qu’ils s’assignent, de leur caractère et de leurs qualités. Si bien que, dans ce spectacle de l’activité, ce sont ces besoins, ces passions, ces intérêts, etc., qui apparaissent comme les seuls mobiles. Il est vrai que les individus se proposent aussi des fins générales et veulent faire le Bien, mais leur vouloir est ainsi fait que le Bien qu’ils veulent faire est d’une nature plutôt limitée. Il en est ainsi du noble amour de la patrie, qui peut fort bien être un pays insignifiant au regard du monde et de la finalité générale du monde. Et il en va de même pour tout ce qui relève de l’honnêteté en général : l’amour de la famille, la fidélité aux amis, etc. En bref, toutes les vertus s’évanouissent ici. La destination de la raison est certes réalisée dans ces sujets vertueux et le cercle de leur activité, mais il s’agit de quelques individus isolés qui paraissent insignifiants par rapport à la masse de l’espèce humaine, et l’espace où se déploient leurs vertus est relativement restreint. Les passions, en revanche, les fins de l’intérêt particulier, la satisfaction de l’amour-propre, sont la puissance la plus grande. Leur force réside en ceci, qu’elles ne respectent aucune des bornes