Les choses de la nature se contentent d'être, elles sont simples, ne sont qu'une fois, mais l'homme, en tant que conscience, se dédouble : il est une fois, mais il est pour lui-même. Il chasse devant lui ce qu'il est ; il se contemple, se représente lui-même [...] Cette conscience de lui-même, l'homme l'acquiert de deux manières : théoriquement, en prenant conscience de ce qu'il est intérieurement, de tous les mouvements de son âme, de toutes les nuances de ses sentiments, en cherchant à se représenter à lui-même, tel qu'il se découvre par la pensée, et à se reconnaître dans cette représentation qu'il offre à ses propres yeux. Mais l'homme est également engagé dans des rapports pratiques avec le monde extérieur, et de ces rapports naît également le besoin de transformer ce monde, comme lui-même, dans la mesure où il en fait partie, en lui imprimant son cachet personnel. Et il le fait pour encore se reconnaître lui-même dans la forme des choses, pour jouir de lui-même comme d'une réalité extérieure. On saisit déjà cette tendance dans les premières impulsions de l'enfant : il veut voir des choses dont il soit lui-même l'auteur, et s'il lance des pierres dans l'eau, c'est pour voir ces cercles qui se forment et qui sont son oeuvre dans laquelle il retrouve comme un reflet de lui-même. Ceci s'observe [...] jusqu'à cette sorte de reproduction de soi qu'est une oeuvre d'art. HEGEL
Descartes pose une conscience de soi innée et automatique en tant qu’elle accompagne toutes nos pensées. Il arrive à la définir ainsi au terme d’un exercice de pensée qu’est le doute, si on s’en réfère au cheminent intellectuel de la première des Méditations Métaphysiques. Or justement ce mouvement réflexif du doute présuppose son résultat. Mais pour atteindre ce résultat, il a fallu passer par tout un parcours intellectuel qu’il a fallu se donner. Autrement dit nous naissons pas automatiquement avec cette conscience de soi : il faut donc parcourir un mouvement pour y arriver. Mais alors