Introspection
L'introspection comme pratique
Pierre Vermersch CNRS URA 1575 LCP
( version française d'un article à paraître au Journal of Consciousness Studies ) Comment accéder de manière réglée à l'expérience subjective ? Comment développer une expertise de l'acte par lequel je peux la connaître ou la reconnaître et fonder une véritable méthodologie reproductible à laquelle il soit possible de former des chercheurs de manière précise et délibérée ? L'idée globale d'une phénoménologie en donne, le sens, en précise le niveau épistémologique, mais n'en fournit pas les savoirs faire, n'en précise pas la pratique, puisque les philosophes qui l'ont fondé et développé (Husserl, Fink, Patocka, Merleau-Ponty, ...) ne l'ont pas explicité et beaucoup de ceux qui s'en réclament aujourd'hui sont plus investis dans l'étude des textes anciens que dans une pratique phénoménologique. La psychologie a établit une longue tradition de méfiance et de rejet de tout ce qui relève du point de vue en première personne. La tradition de la présence attentive donne de nombreuses indications sur les conditions de stabilisation de l'attention permettant de saisir l'expérience subjective (cf Varela et al 1991, Wallace ce numéro) mais sa mise en oeuvre implique un long apprentissage et risque de limiter l'échantillon à quelques sujets bien entraînés. Dans ce contexte, revenir sur l'introspection cela at-il un sens ? Ne serait-ce pas même, le pire choix possible ? Tant de critiques ont été formulés à son encontre, les psychologues l'ont presque totalement bannie de leurs manuels, y a-t-il quelque chose à récupérer ? À moins que ce ne soit l'inverse, que la psychologie ayant commencé par cette entrée, un premier renversement a été de passer au-delà pour établir une approche en troisième personne qui de toute manière manquait, et le second renversement qui se présente est