Invention : les didascalies
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Deux amis, Clymenestre et Eugène se rencontrent dans un café au centre de Paris. Année 1980.
« - Bonjour, Clymenestre.
- Bonjour, Eugène. Comment vas-tu?
- Très bien, mais je suis fort fatigué! J'ai lu hier Le Misanthrope de Molière.
- Comment l'as-tu trouvé, mon cher?
- Fort bien, je ne le nie point. Seulement une chose me gène.
- Quelle est-elle mon cher Eugène?
- Le nombre trop élevé de didascalies! Trop de didascalies tue les didascalies.
- Mais il n'en est jamais trop! L'acteur doit savoir comment se comporter, comment jouer pour que la représentation soit la plus fidèle possible à ce qu'a voulu écrire l'auteur.
- J'en conviens, mais lorsqu'elles sont trop nombreuses, le metteur en scène et les acteurs doivent retenir beaucoup plus qu'un jeu simple et libre : on leur double la tâche qui est, me semble-t-il, déjà un lourd fardeau.
- Effectivement, mais as-tu songé aux interprétations que les spectateurs peuvent faire du texte? C'est un point essentiel! Et si l'on modifie ne serait-ce que la moindre expression de visage , on modifie peut-être tout le sens du texte.
- Oui, mais comme je l'ai dit précédemment, ajouter l'apprentissage du jeu à celui du texte alourdi le fardeau des acteurs. Mais j'aimerais rajouter à cela un point : Le nombre trop élevé d'informations gène tout aussi bien l'auteur que le metteur en scène : les instructions qu'il devra donner à l'acteur et le décor qu'il devra concevoir seront d'autant plus compliqués à réaliser qu'il y aura de didascalies. Donc ces informations sont les bienvenues quand elles sont courtes et en très petit nombre. Ceci étant dit, l'acteur et le metteur en scène peuvent se permettre de faire abstraction de quelques didascalies.
- Et c'est ici qu'est ton erreur! Si l'auteur a mit des didascalies, ce n'est pas pour faire joli ou pour écrire plus : elles ont un rôle certain. Le texte est pensé, réfléchi, les phrases relues, chaque mot a son sens dans le texte. Les