Invention théâtre 1ere l
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Exercices de style, au Lucernaire
Une fois n’est pas coutume, ce soir je suis allé au théâtre. Au Lucernaire[->2] très précisément, pour y voir Exercices de Style de Raymond Queneau.
Les Exercices de style constituent un texte très étonnant où Raymond Queneau raconte 99 fois la même histoire banale (une altercation dans un bus). Travail d’écriture sous la contrainte jouissif pour qui aime l’Oulipo[->3]. Mais ce texte ne semble pas vraiment théâtral : le plaisir vient d’abord de l’écriture, des modes d’écriture très différents, souvent le jeu vient de la graphie même, quelque chose de non représentable au théâtre bien entendu.
Et pourtant, cette représentation fonctionne. Le succès est lié, à n’en pas douter, à un détachement du texte. Partant du principe que le texte n’est pas, en l’état, représentable, les trois acteurs/concepteurs — Stéphanie Hédin, Jérémy Prévost et Julien Sibre — ont décidé de chambouler un peu le texte d’origine. D’une part, les 99 versions ne sont pas représentées, seule une trentaine (calcul pifométrique) a été conservée pour le spectacle. Ensuite, si les mots sont évidemment essentiels, l’accent est clairement mis sur le jeu avec une place très importante accordée aux corps. Le mime est ainsi souvent présent, et on n’est jamais très loin du théâtre d’improvisation, voire de la farce.
Le patri pris le plus visible cependant, annoncé dès le départ par l’affiche, c’est la télévision. L’ensemble du spectacle se veut une sorte de zapping de la télé d’aujourd’hui, et d’hier. Entre chaque « sketches », on a ainsi des extraits de télévision, des plus classiques — le bruit et l’odeur de Chichi, la bravitude de Ségo, les engueulades de Sarko avec les pêcheurs — aux inconnus à mourir de rire — comme cette histoire de noix de coco (je n’en dis pas plus), ou les extraits de Questions pour un champion. La télévision est bien plus qu’un remplissage cependant : quasiment tous les exercices utilisent et parodient la télévision, ou les