Invitation au voyage en prose
« L’invitation au voyage » est un poème versifié célèbre extrait de la première (et majeure) partie du recueil intitulée « Spleen et Idéal ». Il a été inspiré par Marie Daubrun, une actrice dont le poète s’est brièvement mais intensément épris. Baudelaire lui déclare ici un amour plus mystique que sensuel. Le voyage auquel le poète invite sa bien-aimée n’est qu’une promesse de voyage s’épanouissant dans le rêve. C’est une invitation à se rendre dans un lieu privilégié, un lieu idéal censé apporter un remède et un réconfort au poète qui lutte avec le spleen. La quête de ce pays lointain se confond un moment avec l’évocation de la femme aimée. Baudelaire s’adresse à elle car il est sûr qu’elle communie à sa vision inspirée. Il s’agit d’une rêverie devant des tableaux de Vermeer et de Ruysdael. En effet cette contrée pourrait bien être la Hollande, « Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, » écrira plus tard Baudelaire dans les Petits Poèmes en prose. C’est un moderne « embarquement pour Cythère » où il s’agit d’aller vivre avec la femme aimée, muse du poète, loin des dures réalités ordinaires.
Il s’agit d’un texte descriptif et rhétorique qui appartient au registre lyrique. Le lecteur sera séduit par la douceur mélodieuse, par l’intensité des émotions, par la richesse des images et par les résonances symboliques de cette déclaration amoureuse.
Nous essaierons d’apprécier cette invitation au voyage comme une triple démarche : d’abord une invitation amoureuse, puis une