invitation au voyage
I/ Une évasion du cœur et de l’esprit
1) Un poème invitation
D’abord, le poème apparaît comme une invitation offert à la femme aimée, qui est apostrophée dès le premier vers : « Mon enfant, ma sœur ». Les termes sont particulièrement affectifs et semblent moins ceux d’un amant que celui d’un père ou frère, donc quelqu’un qui occupe une position supérieure, protectrice.
De même, on peut noter l’usage des impératifs : « songe », « vois » : ils correspondent à des invitations à la rêverie dans laquelle le poète l’entraîne.
Enfin, on voit que le poème met en place un mouvement qui va de l’aimée au couple puis revient à l’aimée, comme pour mettre en valeur son importance dans un monde qui semble bâti pour elle : § 1 : « Mon enfant, ma sœur », « songe », « te ressemble », tes traîtres yeux ». Déjà, le couple apparaît au travers de « ensemble », et il sera au centre de la seconde strophe « notre chambre ».
En revanche, le poète est pratiquement absent : « mon esprit » est la seule marque renvoyant à lui en tant qu’individu. L’amante est, quant à elle, la destinatrice de la § 3
(et du monde imaginé) : « ton moindre désir ».
2) Un ailleurs idéal
Tout le poème constitue donc une évocation d’un monde idyllique, un « songe » auquel le poète invite la femme aimée et par lequel il semble vouloir la conquérir.
On relèvera les champs lexicaux de la beauté, de la richesse et de l’exotisme :
« rares fleurs », « riches plafonds » (plafond idéal, qui s’oppose aux plafonds pourris de « Spleen »), « senteur de l’ambre », « splendeur orientale », « d’hyacinthe et d’or ».
On relèvera aussi le champ lexical de la lumière et de la chaleur : « soleils » (au pluriel !), « luisants », « polis », « miroirs », « soleils couchants » (encore au pluriel !),
« chaude lumière ».
C’est donc un monde particulièrement agréable qui est ainsi décrit, une sorte de cocon protecteur qui offre une vision transfigurée du monde réel, fréquenté par le poète. Enfin, on notera que