Jacques le fataliste, diderot : incipit
a. Présentation
Le tout début de roman représente un enjeu considérable dans la mesure où il est le lieu où s’établit le premier contact avec le lecteur.
Soucieux de susciter l’intérêt voire de séduire d’emblée, l’incipit (du latin incipere : « commencer ») pose d’ordinaire les jalons de ce qui va suivre en répondant implicitement aux questions que le lecteur se pose : il plante le décor (Où ? Quand ?), présente les personnages (Qui ?) et lance l’action (Quoi ? Comment ? Pourquoi ?). Or avec l’incipit de Jacques le Fataliste, Denis Diderot semble vouloir procéder différemment.
b. Annonce de la problématique
En refusant de présenter Jacques et son maître, les deux personnages principaux de l’œuvre, autrement que par l’intermédiaire de leur dialogue, ce début semble s’attacher à remettre en cause délibérément les principes, déjà traditionnels à l’époque de Denis Diderot, du genre romanesque.
Il convient alors de s’interroger sur les motivations de cette subversion.
c. Annonce du plan
En refusant les principes du roman traditionnel, l’incipit nous présente une version nouvelle des rapports maître/valet, à travers lesquels se pose la question de la liberté humaine.
2. Axes de lecture
a. Le refus du roman traditionnel
• Un lecteur malmené et déstabilisé
- Adresse au lecteur
Le texte commence par un dialogue fictif entre le narrateur et le lecteur. Le dialogue semble s’être instauré avant le début du roman.
Pourtant, le pronom personnel nominal « vous » permet à tout lecteur réel de s’identifier immédiatement au lecteur fictif et de ressentir d’autant plus vivement la familiarité (« que vous importe ? ») et la désinvolture avec laquelle le narrateur s’exprime.
- Rupture du pacte de lecture
Le texte débute par ailleurs par une série de phrases interrogatives. Les questions posées par le lecteur correspondent aux renseignements que délivre d’ordinaire l’incipit concernant les personnages, le temps, le lieu, l’action. En