Jean mechel
La Fontaine, fabuliste et moraliste français du XVIIe siècle classique écrit ses Fables en 1671, dont est extrait Le loup et l’agneau. Après la chute de Fouquet son protecteur, il met dans ses fables ses observations de la société à travers un BESTIAIRE ALLÉGORIQUE des vices de celle-ci. Il réécrit Ésope en l’adaptant à sa réalité, mais en délivrant toujours un message universel et atemporel. Dans Le Loup et l’agneau, 10e fable du 1er livre, on assiste au combat inégal et injuste entre un agneau innocent et un loup cruel, qui représente la force brutale des puissants. Comment un récit en apparence simpliste, délivre-t-il un message sur l’arbitraire, la justice des puissants ? La scène est particulièrement stylisée et présente une structure signifiante, basée sur le système de l’inversion, pour mieux dénoncer une parodie de procès.
I) UNE SCÈNE PARTICULIÈREMENT STYLISÉE
a) Une typification qui rend atemporels la scène et le message
On remarquera que les articles indéfinis (« un agneau », « une onde pure », « un loup », « au fond des forêts ») sont employés avec prédilection comme pour gommer les contours trop nets de l’histoire; surtout les articles permettent la « typification » des acteurs : ce sont des types, des stéréotypes hors de tout temps (et quasiment hors de tout lieu, tant les circonstances sont floues et mal définies). Le décor et les personnages sont dressés de manière stylisée, pour mettre en valeur le message et le rapport de force (qui est mis à nu). Les qualificatifs associés au Loup (« plein de rage » et « bête cruelle ») semblent aussi stéréotypés. Sa faim, par exemple sur laquelle on insiste (« à jeun », « que la faim en ces lieux attirait ») est typique, comme un attribut indissociable du loup. Enfin, la majuscule accordée aux mots « Loup » et « Agneau » en fait des personnages, des types…
b) Une dramatisation progressive
L’imparfait de « se désaltérait » exprime une durée, une action inachevée dans le passé.