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Les dialogues et les situations des quatre scènes que nous allons étudier sont toutes peu réalistes. Cette invraisemblance empêche-t-elle pour autant l’installation de l’illusion théâtrale ?
Alfred de Musset ouvre sa pièce On ne badine pas avec l’amour écrite en 1834 par une scène qui peut paraître absurde sur plusieurs points. La présence d’un personnage nommé « Le Chœur » est théâtrale par essence, simple intermédiaire entre le monde de la scène, des personnages et le monde des spectateurs. Ce personnage présente et dramatise l’entrée en scène des autres personnages, Maître Blazius et Dame Pluche, dans cette scène d’exposition en s’adressant directement aux spectateurs. La théorie du quatrième mur qui voudrait que acteurs et spectateurs soient deux mondes séparés, que les spectateurs assistent à la représentation sans que les acteurs se sachent observés, est ici refusée. Ensuite les personnages de cette scène sont des pantins, des mécaniques caricaturales. Maître Blazius est le stéréotype de l’ivrogne qui demande en premier, « un verre de vin frais », tandis que Dame Pluche, sèche comme une trique, demande « un verre d’eau et un peu de vinaigre ». Enfin, cette scène est aussi invraisemblable dans son écriture. Maître Blazius et Dame Pluche se succèdent au même endroit pour y tenir deux discours symétriques : « Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur […] revient aujourd’hui même au château » dit Maître Blazius ; « Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de votre maître, arrive aujourd’hui au château » dit Dame Pluche. Alors que Maître Blazius est « doucement bercé sur sa mule fringante », Dame Pluche est « durement