LA FEUILLE VERTE Mardi 2 mai 1988 – 69e année – N°21392 - 1,80 € - Allemagne – www.lafeuilleverte.de

J'accuse... !

La chasse à la baleine : un sujet préoccupant de nos jours mais tout le monde ignore dans quelle condition elle se déroule . Luis Sepulveda s'est rendu au Chili et a assisté à l'un de ces nombreux massacres. Il nous raconte...

De retour du Chili
Greenpeace dénonce depuis plusieurs années déjà les bateaux fantômes, ces énormes machines à tuer appelées fantômes parce qu'elles n'ont plus d'existence légales officielle : les pavillons devenus vétustes, dangereux et polluants devraient être détruits pièce à pièce mais des armateurs assoiffés d'argent et de sang animal continuent leurs activités illégales et officieuses.
Depuis un certain moment déjà l'organisation écologiste soupçonnait un bateau, le Nisshin Maru battant pavillon nippon de faire partie de ce qu'il faut bien appeler les nouveaux pirates de la mer. Je suis donc retourné dans mon pays natal au Chili afin de mener une enquête pour le compte de l'organisation.
En effet peut-on laisser impunément piller l'Atlantique par des bandits qui enfreignent les lois des hommes mais aussi et surtout les équilibres fragiles de la nature ?
J'ai débarqué le 21 juin 1988 sur les côtes chiliennes et j'ai rejoint une des représentantes de Greenpeace, Sarita Diaz qui se trouvait provisoirement empêchée de poursuivre son travail de dénonciation parce qu'elle avait été renversée par une voiture probablement conduite par des activistes nippons ne partageant pas le point de vue de Greenpeace. La jambe cassée elle n'a pu m'accompagner mais m'a confié aux mains d'un ancien baleinier, Jorge Nilssen avait repéré ce navire japonnais dans des actions de pêche à la baleine. Rappelons que cette pêche est interdite depuis le moratoire international de 1986 et que seules sont autorisées les actions de pêche à visée scientifique avec un quota de deux baleines par an . Gageons que telles n'étaient pas les