krouma
Entretien avec Ahmadou Kourouma
À la lecture de ce dernier roman, vous donnez l’impression d’être un auteur engagé. Les écrits que vous avez produits s’apparentent à des prises de position plus ou moins militantes qui vous forcent même parfois à l’exil…
Demandé, l’un des surnoms de HouphouëtBoigny. Mais les aventures de Maclédio, celles se rapportant à son voyage initiatique à travers divers pays d’Afrique, rappellent par certains côtés une partie de mon propre parcours. J
e ne suis pas engagé. J’écris des choses qui sont vraies. Je n’écris pas pour soutenir une théorie, une idéologique politique, une révolution, etc. J’écris des vérités, comme je les ressens, sans prendre parti. J’écris les choses comme elles sont. Comme Le diseur de vérité… Je ne suis pas sûr d’être engagé.
Parlons de votre dernier roman, En attendant le vote des bêtes sauvages, paru aux éditions du Seuil en 1998. C’est un roman épique qui articule étroitement fiction et réalité. Des commentateurs ont collé des noms de dirigeants africains contemporains – Sékou Touré,
Houphouët-Boigny, Bokassa, Mobutu – aux personnages que vous dépeignez.
J’
ai voulu écrire ce roman avec ces noms, mais mon éditeur m’en a dissuadé.
Selon lui, cela risquait d’entraîner de graves conflits juridiques. J’ai voulu alors en conserver quelques-uns, tels Houphouët-Boigny,
Mobutu, Hassan II, Bokassa… Cela n’a pas marché non plus. J’ai gardé toute-fois certains de leurs totems : le léopard, le caïman, l’hyène, etc. Officiellement, il ne s’agit pas de dirigeants africains. Les commentateurs ne perçoivent pas distinctement que Koyaga, le héros principal, est l’incarnation du président togolais Eyadéma, ni que le funeste Maclédio est son ancien tout puissant ministre de l’Intérieur Théodore Laclé.
Ce décryptage vous convient-il ?
L
e nom de Maclédio a été formé
[Rire.]
à partir de ceux de Laclé et de Diowade
La forme de votre roman est celle d’un