La boite à merveilles
-Tous les gens « bien » s’éclairent au pétrole, dit-elle pour conclure.
Ces propos laissaient mon père dans une indifférence totale. Mes yeux brillaient de curiosité. J’attendais son verdict. J’admirais intérieurement l’habilité de ma mère. Je fus déçu. Sans commentaire, mon père se prépara pour dormir. Je gagnai mon lit. Je rêvais cette nuit d’une belle flamme blanche que je réussis à tenir prisonnier dans mon cabochon de verre taillé en diamant.
Le lendemain, à mon retour du Msid pour le déjeuné, je sautais de joie et de surprise lorsque je découvris, accrochée au mur de notre chambre, bien au centre, une lampe à pétrole identique à celle de notre voisine.
Le matin, Driss le teigneux, en venant chercher le couffin pour les provisions, l’avait tendue à ma mère. Il avait fait emplette en outre d’une bouteille de pétrole et d’un entonnoir.
La Chouaffa qu’on appelait « tente Kenza » monta admirer notre acquisition, nous souhaita toutes sortes de prospérités. Ma mère rayonnait de bonheur. Elle devait trouver la vie digne d’être vécue et le monde peuplé d’êtres d’une infinie bonté. Elle chantonnait, gourmandait avec tendresse un chat efflanqué, étranger à la maison, riait pour un rien.
Chez ma mère, de telles joies étaient souvent très proches des larmes. L’occasion ne tardera pas ce jour-là à se présenter ; elle put comme elle le disait soulager son cœur ».
Compréhension / langue
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