La construction du barrage de Belo Monte, sur le Rio Xingù, est-elle une contribution ou une menace pour le développement durable du Brésil ?

D’une part, ce barrage est un élément essentiel pour un pays souhaitant devenir la cinquième économie mondiale, il accompagnera la croissance du pays, devenu très gourmand en énergie et soucieux de son bilan de dioxyde de carbone, et les fonds publics financeront plus de nonante pourcents du coût. De plus, il produira onze millions de mégawatts d’électricité, ce qui équivaut à douze pourcents de la puissance énergétique brésilienne et l’hydro-électricité n’engendre pas directement de dioxyde de carbone. Finalement, l’emploi de deux cents mille ouvriers sera nécessaire pour construire ce barrage qui approvisionnera vingt-trois millions de familles en électricité.

D’autre part, d’abord sur le plan économique, le budget sera quand même de dix milliards de dollars. S’ajoute à cela le fait que le faible niveau de l’eau entraînera une certaine difficulté de navigation sur les voies empruntées d’habitude pour le commerce. Suite aux dix mille ouvriers à faire venir et à nourrir durant les quatre ans de construction et au canal à creuser (et à l’usine électrique), le prix de l’énergie produite sera très élevé à la vente. Ensuite, du côté environnemental, six cents kilomètres carrés de forêt seront inondés et deux cents kilomètres de rivière seront asséchés, ce qui fera disparaître de nombreuses espèces de poissons ; cela aura donc un impact important sur la pêche et sur la biodiversité. Les êtres vivant dans la mer ne seront pas les seuls à être en danger ; en effet, une menace sera présente pour quarante-quatre espèces de vertébrés, sur terre. Etant donné que le barrage de Belo Monte se construira en pleine forêt, une grande partie de celle-ci devra être dévastée. En plus, la stagnation des eaux changera l’acidité et la température du Xingù et bouleversera donc l’équilibre de la rivière. Enfin, au point de vue social,