La croissance économique?
La culture influence-t-elle la croissance ?
Arnaud PARIENTY Alternatives Economiques Hors-série n° 053 - juillet 2002 L'explication culturaliste du développement met en avant l'influence des mentalités, des croyances et des valeurs sur les comportements économiques. Une analyse qui montre certaines limites. Pourquoi la croissance est-elle si différente d'un pays à l'autre? Pourquoi la révolution industrielle et le développement se produisent-ils dans certaines sociétés et pas dans d'autres? Telles sont les questions fondamentales posées à l'économie politique depuis ses origines. Les économistes repèrent et mesurent des facteurs économiques à l'origine de la croissance, comme l'accumulation de capital ou le progrès technique, mais ils ne font que déplacer la question: pourquoi l'accumulation est-elle plus rapide dans certaines sociétés que dans d'autres? Pourquoi le dynamisme économique est-il si variable? Il faut chercher derrière les causes immédiates de la croissance ses causes ultimes, pour reprendre l'expression de l'économiste anglais Angus Maddison.
L'explication culturaliste
En première approximation, on peut distinguer trois groupes de réponses à ces questions: les pays qui se sont développés les premiers orientent les échanges selon leur intérêt et bloquent le développement des autres; certains systèmes politiques entravent le développement; toutes les cultures ne favorisent pas également les comportements favorables à la croissance. Ces trois explications peuvent se compléter, mais elles sont généralement concurrentes. Une vieille énigme historique illustre cette diversité de réponses: pourquoi la Chine, qui semblait avoir toutes les cartes en main, n'a-t-elle pu se développer avant la fin du XXe siècle? Certains insistent sur l'action des pays développés, comme les guerres de l'opium, par lesquelles l'Angleterre a fait de la Chine une société ravagée par la drogue. L'historien Fernand