La question de la discipline constitue une préoccupation majeure de nos établissements du second degré. Constat de carence qui renvoie aussi bien à un imaginaire du métier, à une époque révolue du système éducatif, qu’aux difficultés actuelles d’enseigner dans des conditions satisfaisantes. Les enseignants se plaignent chaque jour des classes agitées, des élèves bruyants, incapables de tenir assis, des insolences diverses. Bref, la discipline n’est plus ce qu’elle était. Hormis quelques établissements protégés (privilégiés), les collèges et les petits lycées de centre-ville, on ne compte plus les établissements où le problème du manque de discipline ne se pose de façon plus ou moins larvée. Dans les établissements des zones périphériques, ZEP ou zones sensibles, le problème de la discipline est très largement dépassé. Les incivilités, la violence, la délinquance même sont entrés dans l’établissement et créent un climat permanent qui perturbe gravement l’action éducative. Une question se pose alors : comment rétablir le minimum de paix scolaire susceptible d’ancrer un discours pédagogique ? Et est-ce cela la discipline ?
Si l’on raisonne non plus par défaut, mais par rapport au savoir ou au souvenir que nous avons de la discipline, on peut dire que, dans le milieu scolaire, la discipline est un phénomène naturel qui conditionne la pratique éducative. On ne peut enseigner que s’il y a de la discipline. Que si les élèves acceptent spontanément d’écouter le professeur. Inversement, dès qu’un élève bavarde ou se distrait, il concentre l’attention sur lui et perturbe le cours. Le professeur est obligé de s’interrompre pour rétablir les conditions minimales de la leçon.
On peut donc se demander quelle est la nature de ce phénomène : pour quelles raisons les élèves acceptent-ils d’emblée ou n’acceptent-ils pas de se conformer à l’action éducative ? La première hypothèse à formuler est celle de la dimension coercitive de l’éducation. Et dans ce cas, pourquoi ne