La francophonie
En finir avec la francophonie
In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°90. pp. 419-422.
Citer ce document / Cite this document : Achard Pierre. En finir avec la francophonie. In: Tiers-Monde. 1982, tome 23 n°90. pp. 419-422. doi : 10.3406/tiers.1982.4130 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1982_num_23_90_4130
EN FINIR AVEC LA FRANCOPHONIE par Pierre Achard Parmi les différents points d'impact où la problématique du dévelop pement se trouve tenue de poser des problèmes non strictement écono miques, la question des langues est centrale. Pour ce qui est des pouvoirs publics en France, ce « problème linguistique » s'appelle la francophonie. Mon ambition dans ce bref texte est de montrer comment il se fait, histo riquement, que le français est une « langue de développement », ce qui signifie politiquement la notion de « langue », et pourquoi on peut penser que la promotion de la langue française n'est pas un simple pro blème technique. Nous prendrons ici pour acquit que la conjoncture internationale présente ne peut être analysée, du fait même que nous la considérons comme internationale, que dans la tension qui existe entre la dynamique propre à chaque Etat-nation d'une part, et la dynamique générale liée à l'extension du modèle abstrait de l'Etat-nation de l'autre. La première tendance se concrétise sous forme de la concurrence entre les grandes langues impériales (français, anglais, arabe, russe, japonais, chinois...), la seconde sous forme de mise en chantier de langues administratives locales, pour lesquelles une « lutte de pouvoir » est engagée. La « francophonie » relève de la première tendance et est engagée, donc, dans le triple « combat » que cela implique : a) Solidaire de toute politique de coopération, la langue française apparaîtra nécessairement liée à l'Etat et au commerce, donc comme « outil de développement ». b) Elle se posera en concurrence avec les autres langues impériales. De même qu'elle a