La liberté d'expression sur le net
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Avalanche d'interdits Au cours des quarante dernières années, le champ de la liberté d’expression s’est considérablement restreint, toujours au nom des meilleures intentions. Alors que la liberté d’expression était jusque-là seulement limitée par "l’appel à la violence", le citoyen s’est vu interdire "l’incitation à la haine raciale" (lois Pleven de 1972), l’expression de certaines vues sur l’histoire (lois Gayssot et Taubira), ainsi que plus généralement – et de manière encore plus intangible – la provocation à la discrimination (loi Halde 2004). Rappelons que le Conseil national consultatif des Droits de l’Homme avait émis à l’époque un avis négatif sur cette dernière loi en reprenant un argument qui devrait être évident pour tout démocrate : "c’est par l’éducation, par l’information et par le débat que l’on combattra le plus efficacement l’intolérance, et non en restreignant les libertés". Toutes ces lois participent de la régression intellectuelle en France, pour reprendre le titre de l’excellent livre de Philippe Nemo. Cette avalanche d’interdits, interprétés de manière subjective par le juge (quel propos, même le plus anodin, ne peut-il pas être qualifié de "discriminatoire" ?), a peu à peu neutralisé le discours public. Seul refuge pour ceux qui veulent se défouler sans contrainte, fût-ce pour dire les pires âneries, fût-ce pour tenir les propos les plus haineux et les plus insultants : internet. La toile est devenue une grande catharsis collective, lieu d’échanges débridés, mais aussi creuset de la rationalité à l’œuvre, confrontant arguments et contre-arguments à coups de hashtags, loin de l’espace policé et consensuel des médias traditionnels. Internet, zone de non droit ? Pas vraiment Naturellement, cela ne pouvait pas durer. C’est ainsi que la sénatrice EELV Esther Benbassa a récemment proposé de former un groupe de réflexion pour "faciliter la répression des propos sur les réseaux sociaux". On devine l’enthousiasme de Najat