La littérature engagée dissertations et mémoires
Dans La Prière de l’absent, il y a une autre histoire s’enchâssant dans le récit cadre, le voyage des trois protagonistes vers le Sud : l’histoire racontée par Yamna à l’enfant, l’histoire du saint cheïch Ma-al-Aynayn, constructeur de la citadelle vers laquelle les voyageurs se dirigent dans leur marche vers le Sud. L’histoire est plusieurs fois interrompue par l’arrivée de la nuit, différée et puis reprise. Les contes des Mille et Une Nuits finissent presque invariablement avec « Mais l’aube venait reprendre Shahrâzâd, parler n’était plus permis : elle se tut ». L’arrivée du jour coupe donc brusquement la parole de la conteuse orientale. De même, dans La Prière de l’absent, la nécessité de reprendre la route interrompt les paroles de Yamna : « Je te raconterai Samara un autre jour. À présent nous reprenons la route ». Après d’autres déambulations du récit, l’histoire sera reprise : « Yamna racontait déjà Samara, la ville des sables qui allait devenir sainte ». Cette manière d’entamer, interrompre, différer et reprendre une histoire est un procédé qui assure la cohérence temporelle dans Les Mille et Une Nuits ; le passage d’une nuit à l’autre y coïncide avec le déroulement du fil narratif. Shahrâzad interrompt le cours de son histoire chaque fois que l’aube annonce un nouveau jour. C’est à juste titre qu’on remarque les similitudes entre le statut de Yamna et celui de Shahrâzad, en appréciant que la décomposition et la mort de Yamna coïncident avec la fin de