la mer oire
À première vue l’inconscient freudien semble nous décharger de responsabilité. En effet, l’existence d’un inconscient psychique absolument distinct de la conscience révèle l’impuissance de la conscience. L’inconscient fait que nous n’avons pas le contrôle total de ce que nous sommes et de ce que nous faisons : par exemple les oublis, les névroses, les rêves, etc. Par la thèse freudienne, le « moi », c’est-à-dire la conscience de soi, n’est plus « maître en sa demeure » : on peut vouloir faire quelque chose et faire autre chose dans la mesure où des désirs inconscients influent sur l’action. Comme, selon Freud, nous ne sommes pas responsables de nos désirs inconscients, on peut donc dire que dans une certaine mesure l’inconscient nous décharge de la responsabilité.
L’excuse de l’inconscient est aussi un argument fréquent dans la justice : on peut déresponsabiliser un acte criminel en disant que ce n’est pas vraiment de la faute de son auteur. Il était inconscient au moment du drame, vu son enfance difficile, ses relations troubles avec sa mère. Son passé névrotique est ressurgi, il a été poussé à tuer cette femme qu’il disait trop aimer. Le code pénal limite la responsabilité des personnes atteintes par « un trouble psychique ou neuropsychique ». Agir inconsciemment est agir sans liberté car le propre de l’inconscience est son impossibilité d’être contrôlé par la conscience. Si l’on agit sans liberté, nous ne sommes pas responsables car on sait que la responsabilité a pour double condition la conscience et la liberté. L'hypothèse de l'inconscient semble m'enlever toute responsabilité en m'enlevant toute liberté, donc toute moralité.
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Même si le fait d’agir sous les effets de notre inconscient semble être une excuse valable pour nous décharger de la responsabilité nous sommes chacun un sujet moral unique qui doit prendre une responsabilité même pour les actes et désirs inconscients.