La mere coupable
Posted on February 3, 2011 by jdou| Leave a comment Par Jeffrey M. Leichman, Sarah Lawrence College
« Ce qui nous affecte le plus est ce dont on parle le moins ». Pour le chercheur contemporain, ce dicton pourrait bien gouverner l’effort de redécouvrir des textes littéraires tombés dans l’oubli qui apportent des perspectives fécondes pour l’étude de la Révolution française. Dans le cas du théâtre de Beaumarchais, qui se résume pour beaucoup à ses comédies brillantes, Le Barbier de Séville et Le Mariage de Figaro, ce dont on parle le moins est justement les pièces qui étaient destinées à affecter le plus profondément le public, ses drames. Or, à regarder le troisième volet (souvent ignoré) de la « trilogie » de Figaro, La Mère coupable, dans le contexte social, politique, et esthétique de la Révolution, il est possible d’y discerner une importance jusqu’alors négligée pour cette époque clé de la modernité. Beaumarchais, dont les comédies sont reconnues comme des chefs-d’œuvre de la tradition classique, ne considérait les chapitres espagnols de son épopée que comme une préparation pour La Mère coupable. Une pièce qui s’inscrit dans la rénovation esthétique du drame, La Mère coupable pose aussi des questions essentielles sur le poids du passé culturel et politique dans le nouveau monde que la Révolution cherchait à créer. Au carrefour de la modernité, engageant des problèmes essentiels du genre littéraire et du rapport entre théâtre et politique, La Mère coupable est un vrai « must » de la littérature de la Révolution française.
A la fin d’une vie traversée d’échecs et de réussites dans le théâtre, Beaumarchais tente une dernière fois l’aventure avec son drame La Mère coupable. La scène publique, centre de la sociabilité intensive de l’ancien régime, exerçait une énorme influence culturelle et morale pour la société française du XVIIe et du XVIIIe