La messe en si mineur analyse
Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire. S'il y quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu. Emil Cioran, Syllogismes de l'amertume (Gallimard, 1952)
Tout comme William Shakespeare pour le théâtre et Rembrandt pour la peinture, J.-S. Bach est l'un des piliers incontournables de la musique dans l'histoire de l'Art et de l'Humanité. Musicien, mathématicien, théologien, ce compositeur surgit après cinq siècles de polyphonie et sème pour l'âge romantique et contemporain (y compris le jazz). J.-S. Bach brille sur l’Allemagne du Baroque en imprimant un caractère national au ciment d’une mémoire collective. Il forcera l’admiration des romantiques tout autant qu’il fascinera les musiciens du XXe siècle.
Tour à tour organiste, musicien de Cour et Cantor, il aborde tous les genres, excepté l'opéra. Il fait vœu de porter la musique jusqu’à un art de la perfection. Son sens architectural lui impose un perpétuel renouvellement : inventions, fugues, cantates… sont toujours construites différemment et resteront les préoccupations de toute sa vie. J.-S. Bach marque, dans l’histoire générale de la musique, un point d’aboutissement. Il résume à la fois la profondeur d’une pensée ancienne (la musique comme expression sacrée de l’Harmonie des Sphères) et d’une aspiration incroyablement moderne (fusion des styles dans une expression personnelle). À la croisée de ces deux chemins, Bach ne pouvait plus, semble-t-il, prétendre à transmettre un héritage direct. Il préféra donc consacrer sa dernière énergie à rédiger une sorte d’encyclopédie du savoir, l’Art de la fugue, sous laquelle il aurait pu apposer : Soli deo Gloria. J.-S. Bach met sans doute un point final à cette épopée du Baroque mais en l’offrant à la postérité et, aurait-il dit, à l’Éternité.
La création de J.-S. Bach s'est développée en fonction de ses lieux de résidences, selon les commandes de ses employeurs, des nécessités et des modes