La mimèsis au servie d’une vérité psychologique dans les récits brefs de jean-pierre camus
Université de Łódź
LA MIMÈSIS AU SERVICE D’UNE VÉRITÉ PSYCHOLOGIQUE DANS LES RÉCITS BREFS DE JEAN-PIERRE CAMUS
Résumé J.-P. Camus, évêque et nouvelliste moralisateur, emploie plusieurs tactiques pour guider la lecture de ses textes : en depeignant les passions il les met souvent en parallèle avec leurs représentations emblématiques. On verra pourtant que le potentiel mimétique de ses nouvelles laisse quelque liberté d’interpretation aux lecteurs. Mots-clés : histoire tragique, J.-P. Camus, passions, mimèsis, emblèmes Le savoir au sujet des passions dans la première moitié du XVIIe siècle se manifeste dans les compilations des idées antiques et du Moyen Âge. La réflexion scientifique sur cet aspect de l’âme humaine n’est pas beaucoup plus développée. Nous sommes à la veille des conceptions de Descartes plaçant les émotions dans la glande pinéale. Néanmoins le problème des passions est largement discuté dans les textes théoriques des médecins et des moralistes de l’époque, mais c’est surtout la littérature qui en apporte les analyses les plus persuasives. Avec les héros passionés de sa poésie épique et son théàtre tragique la Grèce de l’Antiquité avait fixé les modèles de cette production1. Au seuil de l’époque moderne c’est surtout, semble-til, le récit bref qui soulève ce thème. Les « histoires tragiques qui paraissent en France depuis 1559 représentent en effet un vaste panorama des émotions violentes propres aux grands crimes et rompent progressivement avec un des postulats majeurs de la tragédie selon lequel seuls les individus les plus nobles méritent d’en devenir les héros2. En montrant que même des hommes d’humble condition peuvent subir un destin tragique, le récit bref s’approprie un riche répertoire d’événements funestes. Dans ma communication je me pencherai sur le Traité des passions3 de Jean-Pierre Camus pour éclairer certaines nouvelles de ses deux recueils : L’Amphitheatre sanglant4 et Les Spectacles d’horreur5, où l’évêque