La peur du déclassement. Voilà comment le sociologue Eric Maurin intitulait son dernier livre paru en 2009. Il y développait la thèse selon laquelle la France serait rongée par cette angoisse quant à l’avenir de leur position sociale et celle de leurs enfants. Une peur particulièrement répandue chez les classes moyennes. Si la définition que donne le chercheur du déclassement a été critiqué , il n’en reste pas moins qu’il insiste sur la dimension subjective (la peur) du phénomène, et rejoint en cela de nombreux chercheurs . La situation d’aujourd’hui tranche alors avec celle d’hier, notamment décrite par le sociologue H.Mendras, qui voyait la société française des trente Glorieuses, comme étant caractérisé par un mouvement de moyennisation., c’est-à-dire d’élargissement des couches moyennes de la hiérarchie sociale au détriment des catégories basses et hautes. Il qualifiait même cette évolution de Seconde révolution française. Doit-on en conclure que ce mouvement n’a été qu’une parenthèse (heureuse) ? Assiste-t-on à la fin du processus ?
Pour répondre à ces questions, il nous faudra tout d’abord cerner les caractéristiques du mouvement de moyennisation qu’a connu la France, pour expliquer ensuite les limites qu’il connaît aujourd’hui.Les jeunes générations peuvent-elles espérer vivre mieux que leurs parents ? Existe-t-il encore des possibilités de gravir les échelons sociaux ? Le “descenseur social” a-t-il pris le pas sur “l’ascenseur social” ?
I) Si un processus de moyennisation apparaît indéniable dans la seconde moitié du XXème siècle :
Trois grandes évolutions semblent pouvoir caractériser ce processus de moyennisation débuté lors des trente Glorieuses :
A- Il est d’abord marqué par un développement numérique important des catégories « moyennes »...
- On assiste à l’augmentation des PCS intermédiaires (CPIS et PI) qui constituent le cœur de la classe moyenne (Question1, document 1), plus que compensant les déclin des classes moyennes