La musique traditionnelle du morin khuur
Depuis plus de sept siècles, le violon à deux cordes orné d’une tête de cheval, appelé morin-khuur, occupe une place de choix dans la culture des populations nomades de Mongolie. Des sources écrites, datant de l’empire mongol des XIIIe et XIVe siècles, font référence à des instruments à cordes au manche surmonté d’une tête de cheval. L’importance de ce violon-cheval va bien au-delà de sa fonction d’instrument de musique. Il constitue, en effet, un élément essentiel des rituels, des cérémonies et de la vie quotidienne. La conception singulière du morin-khuur est étroitement liée au culte du cheval, cher à ce peuple. Le corps évidé, de forme trapézoïdale, est muni d’un long manche dépourvu de frettes, au sommet duquel trône une tête de cheval sculptée. Juste en dessous, semblables à des oreilles, deux chevilles font saillie de chaque côté du manche. Habituellement, la caisse de résonance est recouverte d’une peau d’animal, les cordes et l’archet sont en crin de cheval.
Malgré sa conception simple en apparence, le morin-khuur possède une étonnante richesse de sons expressifs. La sonorité caractéristique de l’instrument est produite en frottant l’archet sur les deux cordes. Les techniques de jeu les plus répandues sont les poussés-tirés d’archet de la main droite avec divers doigtés de la main gauche, les martelés et les pincés, différentes formes de pizzicato et les glissades, technique empruntée à la musique chinoise. L’instrument se joue le plus souvent en solo, mais peut aussi accompagner des danses, des chants (urtyn duu), des récits mythiques, des cérémonies ou les tâches quotidiennes liées aux chevaux. À ce jour, le répertoire du morin-khuur a conservé quelques airs anciens (tatlaga) destinés à dompter les animaux, vestige d’une époque révolue où l’on prêtait à la musique des vertus magiques. Les techniques instrumentales ont été transmises oralement de maître à élève pendant des générations. La musique du morinkhuur